Séminaire
Les producteurs primaires invasifs contrôlent l'équilibre source-puits de carbone des lacs peu profonds
Date
le 19-12-2024 à 13:15Lieu Auditorium de l'ENSEGID, 1 Allée Fernand Daguin, Pessac
Intervenant(s) Jérémy Mayen, Post-doctorant, UMR EPOC et ENSEGID |
Résumé
Les lacs naturels peu profonds sont généralement des sources importantes de gaz à effet de serre dans l'atmosphère car les apports de matière organique et les températures élevées favorisent la minéralisation bactérienne. Cependant, cette tendance pourrait être inversée selon le niveau d'eutrophisation des lacs et les producteurs primaires dominants.
Nous présentons le bilan de carbone de deux grands lacs peu profonds Médocains (France), caractérisés par des niveaux trophiques différents (oligo-mésotrophe à Lacanau et mésotrophe à Parentis-Biscarrosse), et colonisés par des biomasses variables de plantes aquatiques invasives (
Egeria densa et
Lagarosiphon major) et de cyanobactéries. Un échantillonnage saisonnier (2013-2016) a permis de mesurer les apports et les exports horizontaux de carbone organique et inorganique, les flux de CO
2 et de CH
4 à l'interface eau-air et le stockage de carbone organique dans les sédiments. Simultanément, un suivi de la biomasse des plantes aquatiques invasifs et du phytoplancton a été réalisé afin d'estimer la séquestration de carbone par les producteurs primaires.
À l'échelle annuelle, le lac oligo-mésotrophe a dégazé du carbone vers l'atmosphère (32,4 g C m
-2 an
-1), tandis que le lac mésotrophe sÂ’est comporté comme un faible puits de carbone atmosphérique (-1,4 g C m-2 an-1). Au sein du lac mésotrophe, le bloom de plantes aquatiques invasifs et de cyanobactéries a favorisé une captation de CO
2 en été à la fois en zones littorales et pélagiques et en automne uniquement en zone pélagique liée aux cyanobactéries. Lors du calcul du bilan de carbone global, les deux lacs se sont révélés comme des sources de carbone, notamment le lac oligo-mésotrophe.
Notre étude montre que l'eutrophisation et la présence de producteurs primaires à fort taux de croissance peuvent contribuer à tamponner les émissions de carbone des lacs face aux changements globaux.